Découverte : les Romains cachaient des graines toxiques dans des fioles

Découverte : les Romains cachaient des graines toxiques dans des fioles

Une découverte archéologique récente met en lumière les pratiques cachées des anciens Romains en matière de conservation d’espèces végétales à la fois médicinales et toxiques. Les fouilles dans un établissement rural de la période romaine à Houten-Castellum, aujourd’hui situé aux Pays-Bas, ont révélé l’utilisation d’un os d’animal évidé pour le stockage de centaines de graines vénéneuses. Il s’agit de la première preuve matérielle de l’utilisation délibérée de ces graines par la société romaine, une révélation que l’on doit à l’analyse minutieuse de l’objet.

Un contenant insolite pour des graines dangereuses

La découverte de cet objet inhabituel, un fémur d’animal vraisemblablement issu d’une chèvre ou d’un mouton, adapté pour abriter ces spécimens botaniques, semble tout droit sortie d’une intrigue de roman historique. Mais loin de la fiction, les chercheurs ont authentifié ce récipient particulier, hermétiquement clos par un bouchon en écorce de bouleau noir, et contenant un concentré de graines de jusquiame noire (Hyoscyamus niger). Cette plante, appartenant à la famille des solanacées, est reconnue pour ses effets hallucinogènes et ses propriétés médicinales, comme l’indiquent de nouvelles études.

Toutefois, la présence de ces graines dans des sites archéologiques européens remontant à 5500 av. J.-C. rendait difficile de déterminer si elles étaient utilisées par l’homme ou si elles s’étaient naturellement répandues, du fait que la jusquiame noire croît aisément à l’état sauvage. C’est ici que la découverte prend toute son importance, car elle prouve sans équivoque que les graines furent délibérément stockées pour un usage ultérieur.

Contexte et signification de la découverte

Les chercheurs ont daté le contenant d’os entre 70 et 100 après J.-C., aligné avec des éléments tels que les styles de céramiques et une fibule en fil de métal trouvés dans le même contexte. L’intentionnalité du stockage des graines soulève désormais de nouvelles questions sur la classification de cette plante dans les pratiques romaines. Était-elle un simple remède, ou un élément plus profondément ancré dans la culture et la spiritualité romaine, similairement à l’opium dont l’utilisation remonte aux offrandes divines dans l’Israël antique ?

De nombreuses références classiques suggéraient déjà que la jusquiame noire était employée durant l’ère romaine, principalement à des fins médicinales. Cependant, des auteurs comme Pline l’Aîné, qui a vécu entre l’an 23 et 79, évoquait déjà l’effet « d’insanité et de vertige » causé par les graines. Il devient clair, grâce à la recherche menée par Maaike Groot, zooarchéologue à l’Université Libre de Berlin, que ces graines furent soigneusement sélectionnées et insérées dans le fémur pour être préservées et utilisées à dessein.

Découverte : les Romains cachaient des graines toxiques dans des fioles

La jusquiame noire et ses multiples facettes

La jusquiame noire, bien que plante commune, a occupé une place particulière dans les sociétés anciennes, y compris la société romaine. Le récit de cette découverte nous amène à réévaluer la manière dont nous distinguons une espèce végétale introduite naturellement dans un environnement archéologique d’une spécimen utilisé intentionnellement par l’homme. Cette disctinction est cruciale non seulement pour la compréhension des pratiques de conservation et d’utilisation des plantes, mais elle influence également l’interprétation des textes anciens qui nous sont parvenus.

Dans nos recherches et études futures, nous devons considérer les contextes dans lesquels ces trouvailles sont faites et les liées aux autres plantes médicinales contemporaines. Ce paradigme rappelle comment certaines traditions de chiffrement des messages, telles que celles utilisées par les francs-maçons, ont apparemment caché leurs secrets dans des contextes inattendus, comme on peut le découvrir ici.

L’analyse approfondie des graines toxiques romaines vient enrichir notre compréhension des méthodes de conservation utilisées il y a près de 2000 ans, dévoilant un aspect inattendu de la vie quotidienne au sein de l’empire. L’intelligence et le savoir-faire des Romains en la matière, sélectivement transmis grâce à des restes d’os façonnés en de véritables coffres-forts botaniques, renforcent l’idée que leur civilisation n’a pas fini de révéler tous ses secrets.