L’étude des maladies préhistoriques a récemment fait un bond significatif grâce à l’analyse de restes néandertaliens découverts dans la grotte de Subalyuk, en Hongrie. Des recherches approfondies sur ces anciens habitants d’Europe centrale, vieux de quelque 35 000 ans, ont révélé la toute première présence confirmée de la tuberculose chez les Néandertaliens, une découverte qui soulève de nouvelles interrogations sur leur extinction.
Un diagnostic de tuberculose chez les néandertaliens
Les squelettes de deux individus néandertaliens ayant trouvé refuge dans la grotte de Subalyuk sont devenus des témoins clés de l’histoire de la tuberculose. Localisée dans les montagnes de Bükk, dans le nord de la Hongrie, cette grotte a servi de refuge aussi bien aux animaux qu’aux humains au fil des siècles. Les restes osseux analysés sont ceux d’une femme adulte et d’un enfant âgé de trois à quatre ans au moment de son décès.
L’étude du patrimoine génétique des Néandertaliens, grâce à des analyses ADN spécifiques, a été une pièce maîtresse de cette recherche, menée par une équipe internationale de scientifiques. Les déformations osseuses retrouvées, notamment des lésions le long de la colonne vertébrale de l’adulte et à l’intérieur du crâne de l’enfant, sont caractéristiques des dommages causés par la bactérie Mycobacterium tuberculosis, l’agent pathogène responsable de cette maladie infectieuse ancienne.
Études biomoléculaires pour une preuve irréfutable
L’approche biomoléculaire a conforté les conclusions morphologiques établies par les chercheurs hongrois dirigés par György Pálfi et ses collaborateurs. En analysant des échantillons osseux des deux squelettes néandertaliens, leur équipe a pu détecter l’ADN de Mycobacterium tuberculosis. Cette présence de l’ADN bactérien, conjointement avec des résultats provenant d’une méthode de spoligotypage, qui permet d’identifier les séquences génétiques de la tuberculose dans un échantillon, et des analyses des biomarqueurs lipidiques, renforce le diagnostic de la tuberculose. Des méthodes scientifiques avancées telles que la bioinformatique et la paléopatologie ont donc joué un rôle essentiel dans cette révélation.
Les conclusions de ces études soutiennent l’hypothèse que la tuberculose était déjà présente en Europe centrale durant le Pleistocène tardif, il y a environ 36 à 39 mille ans. Avec cette preuve, la maladie entre officiellement dans l’histoire pathologique des Néandertaliens, pouvant même être un facteur contribuant à leur disparition.
Origines possibles de la contamination néandertalienne
Connaître l’origine de la tuberculose chez les Néandertaliens est aussi essentiel que la découverte de la maladie elle-même. Des indices pointent vers une possible contamination via l’interaction avec les grandes bêtes de l’Europe ancienne, notamment le bison. Les Néandertaliens, chasseurs de gros gibiers, auraient pu contracter la tuberculose via ces animaux, ce qui implique une double menace : une menace directe pour leur santé, mais également un impact sur les populations des animaux qu’ils chassaient. À l’époque, ce pouvait être des événements comparables à ceux qui se produisaient lors de révolutions astronomiques, déterminants pour l’équilibre de la vie sur Terre.
La paléopathologiste Kori Filipek, de l’Université de Derby, qui n’a pas participé aux études, considère cette découverte comme une avancée significative pour la compréhension des maladies au-delà de notre propre espèce. Selon elle, ces recherches pourraient éclairer la manière dont les comportements humains et non humains ont permis à ces pathogènes de s’implanter dans notre paysage épidémiologique.
Les implications de cette découverte sont vastes, offrant un nouvel éclairage sur les conditions de vie et éventuellement les causes de la disparition des Néandertaliens. Alors que de futures recherches pourraient révéler d’avantages de maladies affectant ces anciens cousins de l’Homo sapiens, elles pourraient également fournir des indices sur les raisons de leur extinction. Ainsi, la recherche archéologique et anthropologique continue d’évoluer, elle semble confirmer la présence de maladies infectieuses bien avant l’émergence de l’agriculture et de la vie sédentaire, remettant en question nos connaissances sur l’évolution des maladies infectieuses. Cet aspect crucial de la santé publique globale est en constante réévaluation à la lumière des nouvelles preuves fournies par la science du passé.
Implications pour la compréhension des maladies anciennes
La confirmation de la tuberculose chez les Néandertaliens n’est pas simplement une donnée archéologique de plus; elle s’inscrit dans un effort plus large pour cerner les modalités de transmission et d’évolution des maladies au sein des populations préhistoriques. Cette découverte pourrait notamment permettre de mieux comprendre comment certaines maladies ont traversé le temps et se sont adaptées aux différents hôtes, changements environnementaux et modes de vie.
En outre, sachant que les Néandertaliens cohabitaient et interagissaient avec Homo sapiens, ces découvertes pourraient aussi avoir des ramifications importantes sur l’histoire de la santé humaine et les origines de la tuberculose dans les populations modernes. Ainsi, la paleomédecine et l’étude des maladies antiques participent à enrichir notre connaissance de l’histoire des maladies infectieuses et à affiner notre compréhension des mécanismes de survie de nos ancêtres.